Texte: Pascale Jourdan, Foto: Filip Naudts
Alors que la Belgique s’étonne du faible taux de femmes cheffe d’entreprise, souvent dû à l’importance des freins culturels, et que « Wallonie Entreprendre » lance une campagne de promotion de l’esprit d’entreprendre auprès du public féminin dans les écoles secondaires avec plusieurs entrepreneuses pour qu’elles expliquent leur parcours aux plus jeunes et en inspirent certaines, Aurore Fourmeaux, fondatrice des PF Delval à Tournai est un exemple inspirant. Elle fait partie des 35 % de femmes indépendantes en Belgique. Issue d’une famille d’entrepreneurs en construction et formée à la comptabilité, elle débute sa carrière professionnelle dans le monde de la mode.
« A 18 ans, j’ai ouvert un magasin de vêtements à Tournai avec le soutien de mes parents. Je me déplaçais dans les centres de la mode comme Paris ou Bruxelles pour découvrir, débusquer et acheter les vêtements griffés des nouvelles tendances du moment. Passionnant ! »
C’était l’occasion pour elle de mettre en valeur son feeling et sa sensibilité féminine en ébullition.
« Fille unique, j’ai toujours aimé le contact avec les clients, les écouter, les conseiller, trouver le petit plus qui les met en valeur. » Deux ans plus tard, à l’âge de vingt ans, elle rencontre un thanatopracteur et crée une entreprise de pompes funèbres. Elle suit non seulement les cours pour obtenir l’accès à la profession, où elle se trouve être la plus jeune étudiante, mais se forme aussi à la connaissance du bois chez un menuisier.
Aurore passe du monde de la mode à celui des pompes funèbres. Mais est-ce si éloigné, finalement ?
« J’ai toujours aimé les gens et l’esthétique. La recherche de la beauté et de l’harmonie me guide dans mes gestes quotidiens, que ce soit hier dans le secteur des vêtements ou aujourd’hui dans les lieux d’accueil des familles endeuillées et l’élaboration de la cérémonie d’adieu à leurs proches. »
Une bonne présentation des défunts est essentielle pour le travail de deuil, c’est la raison pour laquelle un service de thanatopraxie est intégré à la maison.
La tendance contemporaine du blanc glacier et de l’épuré dans la décoration n’a pas ma préférence. Je préfère créer des ambiances chaleureuses avec de délicates couleurs chaudes, de la diffusion de musique douce ou de parfums aux fragrances qui apaisent l’âme dans les lieux d’accueil.
La décoration n’a rien à voir avec les standards du monde funéraire. Pas d’inox et pas de tentures mortuaires. L’objectif est de créer un environnement réconfortant à l’image de celui que les familles ont à la maison et aussi élégant que celui que l’on trouverait dans un hôtel 5 étoiles pour honorer le défunt et sa famille. J’imagine la décoration des lits de deuil. Je choisis les tissus dans la gamme d’ameublement et je les fais confectionner à façon chez une couturière.
Les chambres où reposent les défunts sont toutes décorées de manière différente et d’objets de décoration choisis avec soin pour leur symbolique. Un aquarium d’eau de mer et de poissons multicolores apporte de l’apaisement dans le hall d’accueil. On est dès lors pas étonné d’apprendre que les saisons préférées d’Aurore sont l’automne et l’hiver car du dépouillement apparent, elle aime apporter du réconfort en créant des ambiances chaleureuses en jouant avec les couleurs, les fleurs, les bougies et les senteurs de saison.