Le ton est donné, Kathy, forte de ses 22 années d’expérience dans le secteur de la publicité, aime communiquer, interpeller et désormais inviter à chercher et trouver des réponses aux questions existentielles au plus profond de soi.
« J’ai aimé toutes ses années dans le monde des médias, le travail était dur mais je n’avais pas l’impression de travailler, c’était festif ! Au fil des années je suis devenue chef de service, j’ai eu de la chance. Une belle réussite ! Je n’avais donc pas à m’inquiéter, mon avenir était tout tracé, tant sur le plan professionnel que financier. Tout était accompli, donné et le défi était terminé. Mon intuition, cette petite voix dans ma tête, me faisait hésiter. J’ai réalisé que je vivais dans un monde superficiel. L’amour du métier a alors fondu comme neige au soleil. Mon corps physique a dit STOP et je suis tombée en burnout. »
Dans quel secteur est-ce que j’allais pouvoir trouver la même passion qui m’animait autrefois? Dans quel secteur est-ce que j’allais pouvoir m’engager et donner du sens à ma vie?
« Le déclic s’est fait en lisant une annonce dans le toute-boîte «Zondag ». Une anthropologue de l’université de Gand cherchait des bénévoles pour nettoyer les os de squelettes. J’ai répondu favorablement et j’ai réalisé que prendre les os dans mes mains était bien plus significatif qu’il n’y paraissait : c’était en quelque sorte, tenir en main une vie qui a existé, une belle ou une mauvaise. J’ai questionné une de mes connaissances qui travaillait dans le secteur funéraire pour voir si ce métier me conviendrait. Elle m’a directement dit que j’étais faite pour le métier. J’ai entrepris de suivre les cours d’accès à la profession d’entrepreneur de pompes funèbres que j’ai réussi avec brio. Ma thèse portait sur la vie et survivre. J’ai trouvé l’essentiel dans la vie. La vie est inévitablement liée à la mort. Le fait de s’en occuper nous rend plus humble. Peu importe ton statut, ton argent, tu meurs quand même, presque tout disparaît, il ne reste que ce que tu as signifié, c’est ton CV.
On vit à une époque où souvent, les funérailles ont plus d’importance que le défunt et je veux inverser cela. Je me suis déjà chargée de toutes sortes de funérailles, certaines plus protocolaires que d’autres, ma préférence, si je peux en avoir une, se porte vers des funérailles plus intimes et plus vraies. »
Pour Kathy, la mission dont elle est investie suite à un décès représente bien plus que de se charger des soins au défunt et de toutes les démarches administratives qui en découlent. Elle aime prendre le temps d’écouter chaque histoire de vie pour honorer celui ou celle qui a été et apporter du réconfort à ses proches en prenant la plume pour rédiger des textes personnalisés qu’elle lira ensuite lors des funérailles en tant que modérateur.
« La mort m’a toujours intriguée. J’ai le souvenir de moi, petite-fille, qui vient de perdre ma grand-mère, ma deuxième maman et que les adultes ont voulu protéger en m’empêchant de la voir et lui dire au revoir à cause de mon jeune âge. Cela m’a marqué. Plus tard, j’ai perdu coup sur coup plusieurs membres de ma famille, cela a été très perturbant. Dernièrement, j’ai connu la douleur sourde de perdre un de mes enfants. C’est sans doute un peu la raison pour laquelle je suis toujours en recherche de nouveaux gestes d’apaisement, de mots réconfortants, de nouveaux rituels pour aider les familles endeuillées. »
Kathy a le cœur gonflé d’empathie et l’esprit en ébullition, son esprit fourmille de nouvelles idées pour apporter du baume aux âmes blessées par l’absence.
« Je suis contente du chemin parcouru, je suis passée là où je devais passer. J’ai vécu de nombreuses épreuves et je me demandais jusqu’à il y a peu comment j’avais pu les franchir. Je pense que je tiens cette force de ma vie utérine où déjà à l’époque j’ai dû combattre pour rester en vie et venir au monde. Je suis en Paix avec moi-même. Je ne regrette rien. J’aime la vie et sans doute influencée par le texte d’André Gide sur le temps qui passe, je ne veux en perdre en aucun cas avec des choses futiles. Je veux surtout aller de l’avant. »