Kristof Ceuppens, homme fort de Quirijnen et d’Anvers
TEXTE : DOMINIQUE PIEDFORT, PHOTO : FILIP NAUDTS
Kristof Ceuppens dirige les entreprises de pompes funèbres Sereni Antwerp et Sereni Quirijnen Brasschaat. Il est même possible qu’il surveille l’entreprise la nuit, car Kristof a un passé d’agent de sécurité. Comment en est-il arrivé à ce revirement dans sa vie professionnelle ?
Je n’avais pas un travail fascinant. Je travaille ici depuis 15 ans, ce qui n’est pas du tout ennuyeux. Pourquoi cette transition ? Un décès dans ma famille a été l’élément déclencheur. En y repensant aujourd’hui, je pense que cela aurait pu être fait différemment, et surtout mieux. Je voulais savoir ce qui se passe après un décès. Je suis devenu curieux. Que se passe-t-il dans les coulisses d’un enterrement? J’ai commencé comme travailleur occasionnel dans le secteur, en tant que logisticien. J’ai fini par devenir planificateur et j’ai rejoint Quirijnen. C’est le travail d’une vie, dans une équipe jeune. Ici, nous formons une véritable unité. Je viens travailler tous les jours avec plaisir. Quand je le dis à d’autres personnes, elles me regardent d’un air un peu étrange. Ce métier semble empreint de beaucoup de tristesse. Personnellement, je pense qu’il y a d’autres métiers qui sont psychologiquement durs ou plus durs. Ici, vous entrez dans la maison de quelqu’un à un moment particulier et intense. Ces personnes peuvent être très vulnérables. En faisant la différence, vous pouvez vraiment signifier quelque chose d’important pour elles. C’est pourquoi certaines personnes sont si reconnaissantes après coup. Avec le Covid, on n’avait plus le droit de faire des câlins, ce que j’ai trouvé difficile. Mais lorsqu’une carte ou un courriel arrivait par la suite, c’était très gratifiant de même que les réactions des personnes que vous pouviez sentir au plus profond de votre cœur. Entendre dire que c’était merveilleux. Cela vous donne toujours de l’oxygène pour continuer. C’est pourquoi j’aime tant ce travail.
Progressistes et Innovantes
Les maisons Quirijnen et Sereni Anvers ont une certaine réputation dans le secteur que l’on pourrait qualifier de progressiste et innovante. Une photo émouvante est accrochée à Brasschaat. La veuve de Bob Davidse touche brièvement son cercueil. Sur les photos d’autres cérémonies, on reconnaît Rocco Granata et même le roi Baudouin. L’entreprise familiale compte plusieurs générations et une histoire riche. Armand Quirijnen a ouvert une succursale à Brasschaat en 1967. Il a poursuivi le travail de son père Constant, qui a commencé en 1926 dans le hameau de Maria-ter-Heide : Le père d’Armand était fabricant de cercueils et a ensuite commencé à organiser les enterrements. C’est souvent comme ça que ça se passait. C’est ainsi que les choses se sont développées jusqu’à devenir ce qu’elles sont aujourd’hui. Quirijnen est connu pour être progressiste et innovant. Dans la salle d’exposition, par exemple, il y a des cercueils et des urnes. Ici, vous ne verrez pas de fleurs en soie dans la vitrine et vous ne trouverez pas une atmosphère banale et étouffante. Ce n’est pas ce que nous faisons. Nous essayons de proposer une gamme contemporaine. Être innovant, d’ailleurs, ne signifie pas être insensible à certaines choses bien au contraire. Il y a quelque temps, nous nous sommes occupés des funérailles de Julie Van Espen (assassinée en mai 2019), vous portez cela avec vous, cela vous colle à la peau, mais en même temps, vous êtes très reconnaissant de pouvoir aider une telle famille à un moment aussi délicat.
Des publics diversifiés
Le renouveau gagne aussi l’église. Sur ce point, Kristof donne un autre grand exemple. “Je pense à une cérémonie avec de la musique live dans le jardin intérieur protégé de l’église Saint-Georges à Anvers. Ce jardin n’a jamais été utilisé pour une telle occasion, mais il était vraiment magnifique et unique. De nos jours, nous nous rendons souvent sur l’Escaut à Anvers pour une mise à l’eau ou même en mer du Nord. Un adieu en mer, c’est bien, mais on est tributaire des dieux de la météo. Grâce à notre filiale ‘t Eilandje à Anvers, nous sommes en contact avec un public très diversifié, de différentes religions et en moindre importance avec les “croyants catholiques traditionnels”. Je pense qu’à l’avenir, les funérailles seront principalement civiles et deviendront de plus en plus des événements où beaucoup de choses sont possibles. Et l’innovation ne se limite pas à ces cérémonies. Nous réfléchissons également avec les familles lorsqu’il s’agit de nos imprimés. Nous leur donnons une liberté de pensée et de créativité. Si c’est possible dans la pratique, nous le faisons. Il faut que tout soit parfait. Après tout, il n’y a qu’une seule occasion de faire de beaux adieux.
