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Témoignage Yannik Tinant



Texte: Pascale Jourdan

Photo: Filip Naudts

J’ai travaillé pendant de nombreuses années dans le secteur commercial. Représenter, valoriser un produit. Les chiffres, les courbes sur les graphiques étaient mon quotidien. Quand j’y pense maintenant, trois mots me viennent à l’esprit : froideur, routine et platitude. J’étais en quête d’autre chose, quelque chose qui m’anime, qui me fasse vibrer. Tout un chacun pourrait dire que c’est curieux de le chercher dans le secteur des pompes funèbres que d’aucuns décriraient comme « plutôt mortel» ! (sourires). Sortir de sa zone de confort, oser resuivre des cours, se sentir « utile ».

ci, on parle « humain » !

Pas de tapez 1, tapez 2, tapez 3, ce n’est pas l’intelligence artificielle qui vous répond. C’est tout autre, on entend des voix émues à l’autre bout du téléphone, des mots dans ma langue natale, dans celle de Shakespeare ou de Vondel parce que l’on est à Bruxelles. Ces mots, souvent peu nombreux au premier abord sont en demande d’une aide, de réponses adaptées et rapides. Viennent ensuite les rencontres avec les visages souvent tendus, défaits par la tristesse et le poids de a fatigue. De l’entretien découlent, les démarches administratives à entamer et l’organisation des funérailles à assurer. La tâche est donc très variée. J’aime prendre soin des défunts, les préparer pour que les familles puissent se recueillir dans les meilleures conditions. Contrairement à beaucoup d’autres métiers, on a très vite le retour de nos actes et du travail accompli et c’est très stressant et valorisant à la fois. C’est alors qu’un sourire de reconnaissance, un mail, une carte postale, une boîte de pralines, une bouteille de vin, valent tout le trésor du monde. Le travail ou plutôt la mission, est variée, elle laisse place à beaucoup d’imprévus et il faut pouvoir s’adapter, rebondir à tout instant. Chaque jour est différent, chaque jour est un nouveau défi dont l’aboutissement est toujours d’essayer d’aider au mieux les familles qui nous accordent leur confiance.

Porter la respectabilité des 3 noms: Ergo Poncelet Sereni

Les pompes funèbres Ergo sont avant tout à la base une entreprise familiale créée par Walter Ergo en 1935 et développée par son fils et sa belle-fille, Léon et Nicole Ergo, des années 60 à 1992. Je ne les ai pas connus mais on m’a dit que l’on surnommait Madame Ergo « Madame Chapeau» en allusion au chapeau noir à larges bords et aux gants blancs qu’elle portait lors des cérémonies de funérailles. J’ai toujours entendu parler d’elle avec le plus profond respect. Elle était une dame élégante et a apporté une touche féminine à la maison familiale dans le monde des pompes funèbres qui était à l’époque un monde d’hommes. Ensuite, pendant près de 30 ans, Jean-Jacques et Pascale Poncelet ont développé l’entreprise. Ils ont construit le seul funérarium d’Auderghem. Il est de proximité et très facilement accessible en transports en commun. Les familles peuvent venir se recueillir auprès de leur défunt et y organiser des cérémonies d’hommage. Ils ont tout misé sur la personnalisation des cérémonies. Un peu comme un couturier, ils ont aimé construire avec les familles des cérémonies «sur mesure – un peu « haute couture» en conseillant ou en écrivant des textes, en s’impliquant avec passion dans les cérémonies, en intégrant des nouveaux symboles ou rituels qui leur parlent mais aussi en organisant des cérémonies en plein air, enregistrées ou retransmises en direct, en proposant en plus des cercueils classiques, des cercueils en osier, feuilles de bananiers et pour ceux qui aiment le cristal, des cercueils garnis de cristaux de Swarovski ... .

Porter la respectabilité des 3 noms :Ergo Poncelet Sereni

Monsieur Poncelet m’a expliqué la richesse du savoir-faire des artisans fabricants de cercueils italiens mais aussi l’importance de proposer des cercueils en bois locaux écologiques. Il a organisé de nombreux rapatriements, principalement en France, Italie mais aussi en Allemagne, Suisse, Espagne, Portugal, Russie, Congo, Rwanda, Canada, USA, Equateur, ... . Beaucoup de familles belges et d’autres origines leur ont fait confiance, que ce soient des personnalités locales, du monde diplomatique, politique, scientifique, du monde de la radio belge, de la télévision, ... du monde artistique comme Maurane, des sans-papiers équatoriens ou des personnes indigentes.

Lors de mon entretien d’embauche, j’ai été surpris par une petite question posée par Madame Poncelet :

Est-ce que tu aimes les gens ?

De nature réservée, je comprends maintenant toute l’ampleur de ce que cela suppose. C’est effectivement en les aimant, en leur accordant du temps, comme ils l’ont fait pendant de si nombreuses années que je peux mieux comprendre dans quelle direction aller. Je poursuis donc l’aventure avec le réseau Sereni qui apporte son soutien logistique par l’entraide apportée au travers de ses autres bureaux. C’est comme si l’équipe s’était agrandie, les compétences sont mises en commun, c’est plus confortable, cela permet de dégager plus de temps encore pour l’écoute aux familles. Sereni organise des formations régulières pour son personnel et met des moyens innovants à la disposition de tous.

Sereni propose de l’aide pour les formalités d’après décès et des activités pour aider les personnes endeuillées à se reconstruire, comme les marches Shinrin Yoku. En regardant le rouge-gorge qui se balade dans le patio de verdure ouvert sur le funérarium, je me dis que le défi de la poursuite de cette aventure, dans le respect de ce qui a été développé et avec la réponse au présent , n’est pas anodin, mais l’équipe est là, attentive!